La patte du chat
Ouilly-du-Houley, Mars 2021.
Par notre invitée : Élodie Boyer
Il l’a rencontré par hasard. Un jour il a débarqué dans sa vie, juste une petite visite, d’abord de loin, sans se toucher. Puis il a commencé à le nourrir, toujours dehors. Il s’est mis à ronronner, il l’a caressé, il s’est attaché, mais toujours en toute liberté. Puis il a eu le droit de rentrer, le jour seulement, la nuit il reprenait ses quartiers. Quand il est parti voyager loin, faire des trous au Sénégal, il a commencé à s’inquiéter, il espérait le retrouver en rentrant, il a installé une réserve de croquettes dans une grange. Il ne sait pas qui les mange, mais elles descendent dans le tube. Comme il était bloqué plus longtemps que prévu, sans avion retour, je lui ai proposé d’aller le voir tous les 15 jours, avec un petit bol de lait, puis j’assurais le réassort de croquettes. Depuis, il le retrouve plus vite à son retour, alors il est heureux, heureux d’avoir un compagnon libre qui fait sa vie et qui l’attend, si heureux de le retrouver à chaque fois, heureux de leur entente cordiale. Un jour où je buvais le thé à l’intérieur, le chat était dehors, je le vois se coller à la fenêtre, puis il fait un geste régulier avec sa patte, comme un salut, la patte fait à plusieurs reprises un quart de cercle contre le carreau. C’est leur code, il interrompt la conversation, se lève et va ouvrir la porte. Le chat rentre. Aujourd’hui dans le reflet de la vitre, je déchiffre à peine les traces de la patte, mais je sais que cette trace est le signe d’une belle relation.