Lumières matinales
Pars, novembre 2012.
Les musées ne sont pas très différents des laboratoires. Pour qu’ils fonctionnent, il est nécessaire qu’un grand nombre de choses dans leur environnement soient contrôlées. Bien entendu, chaque exposition a ses spécificités, selon le type d’œuvres auquel elle a affaire, surtout depuis que les installations sont devenues incontournables dans l’art contemporain. Mais les configurations traditionnelles elles-mêmes nécessitent que soient encadrés certains éléments tels que la température ou le niveau de vibrations, qui sont cruciaux pour maintenir l’intégrité des peintures, dessins et autres sculptures. Par exemple, si vous êtes allés voir la magnifique exposition d’Edward Hopper au Grand Palais l’année dernière et figuriez parmi les premiers visiteurs de la journée, vous avez sans doute rencontré deux dames munies d’un chariot, de chiffons, de formulaires et d’un instrument que l’une d’elles utilisait pour mesurer l’exposition à la lumière. Chaque matin, elle effectuait le même rituel : plaçait la cellule à différentes endroits de la surface des dessins et des peintures et notait les nombres affichés sur l’écran dans un formulaire.
Si vous lui aviez demandé pourquoi il fallait qu’elle fasse cela, elle aurait évidemment insisté sur la fragilité de chaque pièce exposée. Un grand nombre des contrôles effectués dans un musée sont dédiés à prendre en charge cette vulnérabilité, à assurer la préservation des œuvres. Mais vous auriez aussi appris que ces mesures doivent être effectuées quotidiennement parce que, même dans cet environnement fermé, particulièrement sombre, la lumière change. Chaque matin ces changements doivent être supervisés et, si besoin, de petits ajustements doivent être effectués. Mesures et ajustements qui assurent que la lumière reste la même. Mesures et ajustements qui produisent chaque jour la stabilité et la constance dont ont besoin les premiers dessins de Hopper pour durer pour toujours.