Minutes
Paris & Twitter, mars 2018.
En droit français, le procès pénal est l’un des lieux de la sacralisation de l’oralité. On ne retourne pas le dossier dans tous les sens, on n’étale pas les milliers de pages de l’instruction, seules les paroles échangées et les débats comptent. Le hic et nunc est si important qu’il est usuellement interdit de photographier, de filmer ou d’enregistrer par un quelconque moyen le déroulé du procès.
Alors pour ceux qui ne sont pas là, empêchés d’entrer par l’exiguité des salles des tribunaux ou simplement l’éloignement, ne demeurent que des comptes-rendus divers : dessins d’audiences, citations tronquées et récits épiques ont fait le sel de la presse depuis deux siècles, alors que seule la fiction permettait de toucher la durée et l’épaisseur de la vérité judiciaire.
Et le live tweet vint ! Minute après minute, déclarations, impressions, commentaires se succèdent, donnant accès au lecteur, en quasi-direct, à cette scène naguère opaque. A travers un fil qu’on remonte à coup de souris ou de pouce, on découvre qu’un prévenu plaide si bien que la juge en viendrait à l’introniser avocat. Est-ce causé par l’incongruité du monstrueux dossier de Tarnac ou quelles autres surprises nous attendraient, à lire la justice par fragments instantanés plutôt que dans ses jugements solennellement écrits ?