Neutre
Rotterdam, août 2018.
Les expositions du musée contemporain étaient décevantes mais en franchissant la porte des toilettes une installation inattendue attendait. Sur chacune des portes, ces slogans rédigés en anglais, lingua franca par excellence, obscurcissant presque entièrement les pictogrammes – l’oeil humain est ici moins performant que l’objectif photographique.
Les petits scotchs arc-en-ciel et le ton revendicatif semblaient indiquer un acte militant, mais comment comprendre qu’un lieu aussi bien maintenu n’ait pas vu passer des agents du musée rétablissant la signalétique ? A moins qu’ils n’aient développé une neutralité bienveillante vis-à-vis de cette revendication de libération.
Alors que celles des espaces privés ne posent pas problème, la division des toilettes de l’espace public en catégories, ici de genre, là de capacités ou d’âge, fait largement débat. Mais prenons au sérieux cette demande de neutralité : quelle devrait être la nouvelle signalétique ? Faut-il multiplier les pictogrammes comme autant d’usagers ou, au contraire, les faire disparaître au profit de signes privilégiant les objets et usages ? Dans le monde des écrits comme dans celui des expériences sensorielles, viser la neutralité n’est pas aisé.