Noms/Nombres
Paris, mai 2014.
Plusieurs experts internationaux participent à une réunion sur l’évaluation de la recherche. Les discussions vont bon train à propos des indicateurs bibliométriques traditionnels fondés sur les citations dans les revues, comparés aux nouvelles métriques centrées sur l’attention et l’audience. Personne ne prête attention à l’inscription affichée sur le capot d’ordinateur d’une des participantes. Ce numéro d’identité pourrait provoquer un changement dans le monde académique. Depuis l’essor des revues savantes au XVIIe siècle, les noms propres sont attachés aux énoncés scientifiques. Les noms des chercheurs ont été conçus comme la pierre angulaire de la production des connaissances afin de résoudre les questions de priorité et les querelles d’attribution.
Avec le développement des publications électroniques et des répertoires de manuscrits de travail ou d’articles publiés, les homonymes sont devenus une préoccupation grandissante. Comment être certain qu’un travail a été produit par la bonne “Mary Smith” ? Dans un contexte où l’adage “publier ou périr” semble plus contraignant que jamais, les citations appropriées riment avec des références fiables. En fournissant un identifiant numérique permanent à chaque chercheur individuel, ORCID négocie la mise en œuvre et l’interopérabilité de son registre d’identifiants avec de nombreuses bases de données, des systèmes de soumission de manuscrits, les articles publiés dans des revues, des demandes de brevets ou de financements.
Cette innovation technique ne résout pas uniquement les problèmes d’homonymie. Elle soutiendrait simultanément un renouveau des propriétés des contributeurs en science. Comme toute personne juridique faite d’un nom et d’un numéro, les noms des chercheurs seraient fermement attachés à une suite de chiffres. L’attribution académique serait ainsi articulée à une forme d’identification qui faciliterait la transparence de l’attribution du crédit, mais aussi le contrôle et la surveillance de l’imputation de responsabilité.