Non commun
Par notre invité : Jean-François Magre
Toulouse, avril 2019.
Depuis plusieurs mois, les samedis sont le jour des gilets jaunes. Au cours de ces « actes », beaucoup de paroles sont émises, scandées, chantées ou écrites. Au milieu des slogans bombés, entre autres, sur les panneaux de bois protégeant les officines compromises avec l’argent (banques, agences immobilières, assurances…), certaines interventions jouent plus subtilement avec le support. Ainsi ce 13 avril 2019 sur la vitrine d’un groupe de travail temporaire. Le lieu de la confrontation est l’écriture même. Le logo, tabou absolu, est profané avec humour. Ce langage tirant sa puissance de l’association du mot et de l’image est détourné, subverti, avec les mêmes armes pour être ramené vers le domaine public et servir de miroir aux mouvements qui veulent se réapproprier la rue. Au mot privatisé comme enseigne mais arborant l’aspect rassurant d’une graphie manuscrite, en anglais et en blanc, répondent une foule de petits non réellement écrits à la main, en noir et en français. Le refus de l’injonction affirmative, du mot d’ordre invasif, s’inscrit dans l’épaisseur du trait démesuré comme pour tempérer une volonté d’uniformisation en y opposant une expression immédiate et à échelle humaine. L’esprit de contradiction comme préalable à l’esprit critique.