Précaution
Ivry-sur-Seine, décembre 2014.
Dans la ville, sur des trottoirs, des cubes jaunes fluo étaient apparus à la fin de l’automne, sans explication ni mode d’emploi. Face à ce nouvel exemplaire, le mystère de leur présence est résolu : ils sont là dans l’éventualité d’une invasion hivernale faite de gel, de verglas et de neige, afin sans doute de faciliter le travail des services routiers.
Comme les extincteurs et les réserves d’eau pour les incendies, les marteaux briseurs de vitres et désormais les défibrillateurs sauvant les cardiaques, ils font partie de notre décor, sont là « au cas où » surviendrait l’accident ou la catastrophe. Ils nous rappellent notre vulnérabilité, notre fragilité, sans nous affoler ou nous angoisser ou même nous inciter à agir d’une quelconque façon, nous vivons dans la société du risque où les dangers sont là, anticipés, prévus, et collectivement gérés.
À moins bien sûr qu’une préoccupation ne survienne, qu’une vérification ne devienne nécessaire : derrière la surface de l’écrit, y a-t-il vraiment du sel dans la profondeur du bac ? Et sinon, qui viendra le remplir et quand ?