ISSN : 2266-6060

Soin

lettercare

Boston, mai 2011.

Les écritures exposées, pour reprendre le terme de Petrucci, sont depuis fort longtemps des éléments essentiels dans l’écologie graphique des villes. À vrai dire, elles font partie de la ville elle-même, de ce qu’habiter ensemble un espace organisé, politisé, veut dire. Elles sont au cœur du façonnement de la scripto-polis. Lorsque l’on pensent à elles, lorsqu’on les analyse, ou simplement lorsqu’on vient à y jeter un œil, on les associe surtout au pouvoir, à la solidité, à la durée : en un mot à la monumentalité. Parce qu’elles sont institutionnelles, elles peuvent être considérées comme un instrument de pouvoir et de discipline qui met en place une certaine forme d’espace public, d’atmosphère (politique, commerciale…). Mais c’est seulement un aspect de ces mots énormes qui peuplent les lieux publics. Leur force et leur pouvoir s’appuient sur des opérations très ordinaires qui, littéralement, les maintiennent. Un travail quotidien grâce auquel l’usure et la rouille sont combattues encore et encore. C’est trivial. Nous savons cela. Simplement, nous n’y prêtons pas attention. Nous remarquons à peine les petits humains qui apparaissent régulièrement à côté de ce « A » gigantesque ou de ce point d’exclamation massif, parfois même pendus à eux, et qui en prennent soin.



Laisser un commentaire