Synthèse

Toulouse, décembre 2022.

Comment produire une vue synthétique de plusieurs éléments dans un même lieu ? Tracez un tableau qui dispose spatialement les informations, avec les types de bois en lignes et leur épaisseur en colonnes. Au croisement de chacune, une case est à même d’accueillir un seul renseignement à la fois. Listez les dans une légende, en leur affectant une forme graphique et des couleurs : un “V” noir pour disponible, un nombre noir pour les panneaux entiers en stock, ou un “X” rouge pour la rupture de stock. N’oubliez pas le titre du tableau qui oriente la lecture de l’ensemble. Le tour est joué ! On dispose désormais de l’état des stocks en temps réel. Pas complètement… Encore faut-il imprimer le tableau sur un papier pelliculé et inscrire les éléments avec des feutres à l’encre effaçable. La mise à jour au fil de l’activité devient alors possible. Plus qu’un tour unique, c’est une ronde qu’il importe d’activer.
La production visuelle ne s’arrête pour autant pas là. Si les cases grisées rendent saillantes celles qui affichent de l’information sur l’état du stock, elles pointent simultanément vers une autre actualité tout aussi cruciale : toutes les combinaisons entre types de bois et épaisseurs qui ne sont jamais disponibles dans ce magasin. Ou plutôt, celles qui ne sont pas gérées par le « service découpe », mais qui se trouvent potentiellement en rayon. À la recherche d’une vue synthétique, on réalise qu’un tableau affiche toujours davantage que ce qu’il assemble. Du nombre d’arbres abattus aux insectes évacués par un contrôle génétique à grands renforts de recherche scientifique et de modèles économiques, en passant par les différentes activités des personnes qui plantent, surveillent, coupent, transportent et transforment les arbres en panneaux, la liste est longue. La précision de l’effet panoptique creuse inéluctablement le caractère partiel de la vision projetée. L’enquête se prolonge aux marges du tableau…