Tiroir
Montréal, août 2015.
Le restaurant semblait sympathique, avec une belle carte entièrement végétarienne, mais sans que rien de particulier ne soit signalé. De belles tables et chaises en bois dans un décor chaleureux complétaient les effluves des divers plats servis par un personnel efficace. Pourtant, quelque chose clochait : certes de nombreux clients consultaient leur « téléphone intelligent » comme on dit au Québec, mais de nombreux autres semblaient lire des lettres manuscrites.
Le mystère fut résolu lorsque l’on découvrit, dans l’épaisseur de la table, un tiroir à l’ancienne, qui révéla ses trésors. Notes de repas, serviettes, cartes de visites, feuilles diverses, tout avait été bon pour écrire ici un poème, quelques commentaires, là un mot d’amour, des listes de courses, des remerciements, une caverne d’Ali Baba pour scriptopolien. Tous ces mots forment une foire aux souvenirs qui n’ont qu’un point commun, leurs auteurs ont mangé à cette même table. Les plats passent dans leurs estomacs, mais leurs écrits gourmands demeurent.