Permis
Londres, septembre 2013.
La diversité est une des qualités essentielles des espaces publics. Les villes sont des écologies au sein desquelles une grande variété d’espèces vivent ensemble de manière plus ou moins pacifiée. De nombreux outils sont utilisés par les autorités pour organiser ses écologies, et parmi eux, les marquages et les panneaux sont nos préférés depuis des années. Ils sont les éléments qui façonnent la Scriptopolis, composée d’espaces dans lesquels le vivre-ensemble est en partie élaboré avec des écrits. Mais jusqu’à aujourd’hui, nous avons surtout documenté des phénomènes binaires, des cas où les panneaux affichent, voire incarnent, des règles simples et non ambigües, en particulier lorsqu’il s’agit de cohabitation. Telle entité est autorisée ici, telle autre est prohibée. Nous avons aussi documenté des changements, notamment à propos des bicyclettes qui se sont vues attribuer de plus en plus d’espace, malgré quelques ratés.
Ce panneau, découvert à Londres, semble témoigner d’une nouvelle étape dans ces transformations. Une étape dans laquelle les vélos sont peut-être considérés comme un peu trop présents, et les cyclistes un peu trop enthousiastes. Comme si les principes de mobilité douce et verte étaient allé trop loin, risquant de mettre en danger une autre entité : le piéton. Ce panneau est d’autant plus intéressant qu’il n’est pas binaire. Il n’exclut pas les vélos du site (ce qui aurait sans doute était politiquement incorrect), mais établit une priorité. Il essaye de placer les cyclistes dans une position très particulière, dans laquelle leur pratique n’est pas interdite, mais pourrait devenir inappropriée. Indiquer que quelque chose doit être « considéré comme permis » : un domaine qui s’ouvre pour les panneaux officiels, un nouveau site d’exploration pour Scriptopolis.
Bonjour,
Merci de ce billet.
Je trouvais que « toléré » était une meilleure traduction…
EeT.
Ps. Mêmes indications à Genève, je vais tâcher de vous envoyer des images… (avec des mots écrits)