Vases communicants – Baptiste Coulmont
Penser « scriptopolis » ne se fait pas sans peine. Les contraintes sont là, il faut une photo. Il faut du matériel, du vieilli, du daté. Mais toujours actuel, en usage et présent.
Un kiosque à journaux, pas loin de mon bureau: une affichette affirme « attention pic Pocket ». On peut même appeler la police au 17, ou alors composer un autre numéro (commençant par quarante et fini par vingt-cinq). L’affiche a disparu rapidement après. Etait-ce la police — ennuyée des appels ? Etait-ce ce voleur, au profil inquiétant ?
Ailleurs, vers Paris VII, tous les « travelators » d’un bâtiment récent et fortement austère mais architecturé sont souvent « très glissants ». Pour la sécurité des déambulateurs, une « EXTREME PRUDENCE » est fort recommandée. Mais ce qui est visé, c’est le « cheminement », sur une « esplanade » pensée par D. Perrault on ne peut pas « marcher ». Il faut soit cheminer, ou bien déambuler, on peut « travelater » ou bien se translater. On peut se ramasser, surtout les jours de pluie. Ou bien quand il fait froid. Ou en cas de verglas. Ou quand le vent est fort.
Le monde urbain est fait de peurs objectivées.
Il est rempli aussi de petits détritus. Ci dessus la diapo d’une jeune inconnue, prise en 87 toute nue toute nue, que j’ai trouvée en août, au fond d’un caniveau. Avant même d’avoir regardé au soleil ce qu’elle contenait je me suis exclamé — intérieurement — « ce sera sûrement, “Vases communicants” pour le Scriptopolis ».
Pornographie ou souvenir ? Je ne sais pas. Avait-elle pour but, d’être au mur projetée ? Et d’être remplacée, quatre secondes après, par une autre diapo, plus osée, plus grivoise. Au sujet du porno domestique et intime on sait fort peu de choses.
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Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : chaque premier vendredi du mois, un auteur écrit sur le blog d’un autre et vice-versa, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement.
Aujourd’hui, nous avons le grand plaisir de vases-communiquer avec Baptiste Coulmont : lui chez nous, nous chez lui.