ISSN : 2266-6060

Fumeurs / Non fumeurs

Aéroport de Zurich, avril 2022

La cigarette ne fait plus recette en Occident. Les espaces partagés lui sont devenus peu à peu interdits, repoussant toujours plus loin les fumeurs et leurs effluves malodorantes et toxiques. Mais que faire dans des lieux dont la fermeture relève d’une sécurité absolue ? Dans tous les grands aéroports du monde, on trouve des « espaces fumeurs », le plus souvent peu visibles et isolés. Ici, au cœur de la Suisse libérale, il n’en est rien : hébergeant les sièges des principaux fabricants de cigarettes du monde, les publicités pour les produits du tabac sont partout présentes dans les espaces publics.
Au milieu de l’aéroport, on croise donc des salons comme celui-ci, aux couleurs et polices des plus célèbres marques de cigarettes. Certes interdits aux mineurs comme le montre l’autocollant « 18+ », mais toutes et tous peuvent voir ces 22 salons comme des gigantesques espaces publicitaires. Alors que d’autres pays restreignent la visibilité publique jusqu’à obliger à une vente en « paquets neutres » couverts de slogans de santé publique, le sympathique chameau ou l’aigle blanc sont ici chez eux, alors même qu’on ne peut y acheter une cigarette.
Salles mises en dépression pour garder les fumées, dotées d’un design sobre et d’indispensables écrans d’annonce des départs de vol, elles constituent un havre de paix pour les fumeurs, une territorialisation du capitalisme tabagique. Cependant, personne ne contrôle la marque des cigarettes qui y sont fumées, puisque ces enclosures ne peuvent en aucun cas être des lieux de travail.



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