Glose
Paris, novembre 2016.
À l’heure du web et des plate-formes collaboratives, le partage de l’information est décuplé. Un très grand nombre de personnes réparties aux quatre coins du monde peuvent faire circuler une idée, émettre un avis, formuler un jugement en quelques mots, voire en un simple clic représentant un geste (like, cœur…) ou une icône traduisant une émotion particulière. Cette distribution de l’information est également asynchrone. Inutile d’être simultanément présents lors de la manifestation publique d’une information pour y réagir, positivement ou négativement, la commenter, brièvement ou excessivement en l’articulant à d’autres contenus informationnels, ou d’en perpétuer la circulation dans d’autres arènes numériques. Contrairement au modèle épuré de l’interaction de face à face, l’écriture des informations échangées étend considérablement la temporalité des contributions possibles. La contre-partie de cette multiplication des échanges est, dit-on, le développement d’une lecture hachée, privilégiant les textes courts. Comment faire alors pour redonner envie de lire des livres de plusieurs centaines de pages à des consommateurs férus d’informations diversifiées, succinctes, et furtives ? La quatrième de couverture suppose de prendre chaque livre en main et de le retourner ; une opération qui demande un certain temps pour se faire une idée de plusieurs titres. Ce libraire a trouvé une astuce ingénieuse pour articuler ces pratiques de lecture. Une feuille cartonnée, attachée par un trombone à la couverture, proposant un commentaire précis et accrocheur. Qu’ils soient rédigés par les employés ou des clients habitués, ces commentaires favorisent une circulation fluide dans les rayons, ponctuée d’informations facilement consultables. Et si l’envie d’acheter un livre nécessite d’accumuler davantage d’avis, cette technologie de papier se connecte aisément aux informations complémentaires disponibles sur les réseaux numériques.