(H+NH)2 = H2+2HNH+NH2 (épisode 2)

Saint-Arnoult-en-Yvelines, aout 2010.

C’est à nouveau le moment des chassés-croisés. Une fois encore, le retour des vacances s’accompagne de son lot habituel de gares bondées et d’embouteillages. Sur les autoroutes, la gestion des flux de véhicules pose surtout des problèmes aux péages. Depuis un certain temps déjà, plusieurs possibilités sont mises à la disposition des automobilistes. À la sortie, les guichets avec des personnes sont offerts en parallèle d’autres guichets gérés par des automates qui acceptent les cartes bancaires. Les premiers sont généralement jugés moins rentables : le coût du personnel n’est plus justifié à l’ère des machines intelligentes qui nécessitent quelques opérations de maintenance régulières. La substitution des automates aux personnes est aussi une question de rapidité. Au-delà de la transaction monétaire, la discussion avec une machine conçue pour une tâche unique reste très limitée.
La gestion des flux de véhicules est plus radicale encore à l’entrée des autoroutes, où seuls des automates s’occupent de la distribution des tickets. Mais les phénomènes de délégation de l’action aux non-humains, aussi standardisés soient-ils, restent ouverts. Leur irréversibilité n’est jamais complète. C’est ce que nous avons pu expérimenter au moment de prendre notre ticket d’autoroute. Arrivés à la hauteur du distributeur, surprise : avant que l’automate émette son bruit d’impression du ticket, le bras d’un humain a surgi pour me tendre un ticket. Ce jour-là, pour accélérer la cadence et éviter qu’un bouchon se forme, le choix avait été fait de réintroduire un distributeur humain, caché derrière son homologue automatique. Était-ce pour palier une éventuelle panne ? Était-ce pour anticiper un manque d’encre dû au grand nombre d’impressions ? Quoi qu’il en soit, l’investissement de la personne humaine dans son rôle nous a autant bluffé que sa présence. Ni un mot, ni une expression du visage. Uniquement un bras tendu pour distribuer le ticket.