Ici

Notre invitée : Emma Cozzani

Lac du Salagou, juillet 2015.

Cimes d’arbres dénudées qui dépassent du lac, borne de direction indiquant des routes désormais submergées, les flans rouges des abords du Salagou recèlent de surprises.
Tandis que les rares promeneurs se perdent dans un paysage minéral et hors du temps, les replis des collines ne cessent de se faire et de se défaire au gré des pluies, faisant affleurer de nombreux fossiles.
Au gré d’un détour, ce sont des mots en cailloux blancs qui surprennent le promeneur. Prénoms, déclarations d’amour et phrases cryptiques constellent les collines rougeoyantes.
Sans fioritures, les scripteurs composent des écrits éphémères à même le paysage, comme pour marquer leurs présences dans un lieu dans lequel le temps semble couler et ne s’attacher à rien.
Présences fantomatiques que ces mots inscrivant des positions passées ; mots surgissants, voire resurgissants d’une légende languedocienne enfouie dans les mémoires et les archives : la légende des cœurs perdus du Salagou.
Pour marquer ma présence, dans ce temps, dans ce paysage, dans cette image (hic & nunc), je choisis des pierres blanches d’un prénom déjà illisible, pour mieux affirmer : ici.