Impasse
Paris, février 2010.
À l’heure où le monde de la recherche académique est en pleines mutations, les positions s’affrontent. Certains pensent que le système doit être réformé de fond en comble pour développer des synergies entre les universités et les industries, accroître la qualité et la visibilité des productions académiques françaises, et rationaliser les dépenses publiques. D’autres estiment, au contraire, que le monde de la recherche ne peut conserver son esprit et son potentiel d’innovation qu’en échappant aux griffes du New public management qui irrigue désormais la plupart des administrations et qui fait de l’évaluation des performances individuelles un redoutable rasoir d’Occam. Dans ces conditions, difficile de prédire avec certitude les effets des réformes en cours.
Suite à des travaux de rénovation dans notre laboratoire de recherche, nous avons été conviés à une visite des caves pour stocker provisoirement nos affaires. Et là, une éventuelle issue possible est apparue : au fond du couloir, une inscription invite à sortir par une autre voie. La seule condition est de démolir le mur. Que peut-il bien y avoir derrière ? L’allégorie de la caverne chère à Socrate ou le rite initiatique d’un apprenti Jedi ? Le retour aux sources de la réflexion philosophique ou les défis contemporains du chevalier individuel ? Ici aussi, difficile de savoir à l’avance. Or c’est bien une des qualités fondamentales du travail de recherche : voir surgir de nouvelles entités et se laisser surprendre par le déploiement de leurs ontologies.