Inachevé
Paris, mai 2018.
Pour la plupart d’entre eux, c’est la dernière trace, celle qui demeure tant que l’encre, le pigment ou la dorure résiste aux attaques de la pluie, des ultra-violets et de la pollution. Et dans ce cimetière, non loin, on trouve des pierres séculaires rendues anonymes par les affres du temps ou, de manière plus singulière, la pousse d’un arbre brisant même la pierre la plus dure.
Mais là, sous le nom du grand homme dont wikipedia retrace la vie en trois langues, à peine lisible, celui d’une femme esquissé par des séries de traits d’abord horizontaux puis verticaux, avant que les lettres ne soient dessinées à la mine.
Lorsqu’elle fut enterrée au début de l’automne, son nom n’était alors que sur les lèvres de ceux déposant des roses blanches. Le printemps venu, il ne semble encore là que provisoirement, comme si le soleil revenant pouvait l’effacer. Dans le monde des écrits, la mort prend parfois son temps.