Inauguration

Par nos deux invitées : Florence Paterson et Clarisse Pradel

Paris, octobre 2023.

Le Centre de sociologie de l’innovation est en effervescence, le 23 octobre a lieu « Une journée avec Bruno Latour », journée d’hommage au cours de laquelle « les membres du CSI, des compagnons de route de Bruno Latour, des chercheurs qu’il a inspirés ou déroutés, poursuivront leur conversation avec son œuvre ». Le programme comprend aussi l’inauguration du « Fonds Bruno Latour Mines Paris » à la bibliothèque de l’École des mines. La constitution du fonds STS doit beaucoup à Bruno Latour, à son rôle de conseiller scientifique et l’étroite collaboration avec la bibliothèque durant ses années d’activité au CSI, de 1982 à 2006. Ce fonds constitué pour les besoins des chercheurs du centre a été dès l’origine ouvert à tous les publics. Signalé dans le catalogue de la bibliothèque, il est accessible depuis la salle de lecture. Autre caractéristique, son système de classement chronologique par date d’acquisition des ouvrages. Une partie de l’histoire du CSI, ou du moins la longue chronologie des recherches menées jusqu’aujourd’hui par le centre, peut se lire en parcourant la galerie où se nichent les livres qui ont alimenté le travail des chercheur.e.s et qu’elles/ils ont publiés. En vue de l’inauguration, Clarisse Pradel, responsable de la bibliothèque de Paris, et ses collègues ont rouvert les archives à la recherche d’autres traces de la constitution du fonds STS. Parmi les pièces retrouvées, un grand cahier dans lequel les bibliothécaires tenaient un inventaire du fonds. Chaque référence d’ouvrage y est notée à la main. Dans la marge, on y lit une chose intrigante écrite au crayon à papier : il existait un code couleur participant du classement des livres, rose, bleu, jaune, vert… En tournant les pages, on lit un dernier « bleu », puis la colonne se remplit des noms des libraires. La seule information trouvée dans les archives à propos du code est la décision d’arrêter de l’utiliser en juin 1988, « le système des couleurs s’avérant peu fonctionnel !». Mais rien sur ce qu’il signifiait, et moins encore sur l’expérimentation qui a consisté à le coupler au système de classement chronologique. Et à parcourir les titres et les auteurs, l’équipe des bibliothécaires n’est pas parvenue à repérer ce qui aurait pu permettre d’en reconstituer le sens. La chaine documentaire liant le code couleur à l’intention classificatoire dans ce cahier d’inventaire a été brisée, le document d’information additionnel livrant l’explication du code a peut-être été mis au rebut, ou alors le retrouvera-t-on un jour au milieu des archives ? Les bibliothécaires, maintenant à la retraite, qui tenaient le cahier ont quitté l’École des mines avec cette mémoire. Un morceau d’histoire à découvrir ?