Inconnu
Marseille, octobre 2020
Le rideau fermé et les vitres closes ne masquent pas le menu à la craie vantant tous les plats qu’on pouvait déguster ici après des mois de confinement. Mais le monde d’après n’est vraiment pas celui d’avant : la prévision, l’anticipation, la planification des comptes, des stocks de nourriture, de la clientèle, la fabrication de la carte sont désormais sous la menace de la loi d’airain de l’État d’urgence.
Nous avons montré des affiches pour avertir, informer, conseiller, conduire, choquer, intriguer, attirer et d’autres actions encore. Le plaisir esthétique, la peur, la joie, la colère et tant d’émotions apparaissent chez les lecteurs ou sont recherchées par les scripteurs. Et puis il y a des formes de désespoir, d’appels au secours, de bouteilles à la mer inscrites dans le papier et l’encre, comme lorsque des affichettes pleurant un ara perdu peuplaient la ville pendant des semaines.
Christophe Mirman, préfet des Bouches-du-Rhône, a pourtant été explicite : son arrêté mentionne la situation sanitaire dégradée et la durée de deux semaines. On peut certes méconnaître ce texte et demeurer ouvert, ou encore ester en justice afin d’en contester la légitimité ou le fondement. Ici, il ne reste que le contre-écrit dénonciatoire. Pour ce restaurateur, gouverner dans le nouveau monde, c’est imprévoir.