Indisponibilité prolongée
Les pannes et dérèglements des infrastructures publiques sont l’objet de diverses justifications adressées aux usagers. Empruntant des styles et registres plus ou moins directs ou légalistes, elles habillent les murs et concentrent des réactions scripturaires caustiques, courroucées et les graffitis qui divertissent le passant qui s’apprête à monter les larges marches d’un escalator arrêté ou à faire demi-tour.
L’explication de l’indisponibilité datée, titrée et affichée en grand format sur l’ascenseur K de l’Assemblée nationale semble toutefois constituer un spécimen rare. D’abord les faits. En gravissant les étages, le visiteur découvre le récit rocambolesque de travaux, de retards de livraison et l’accusation d’une « entreprise défaillante », qui n’est jamais nommée. Non contente de livrer tardivement l’ascenseur, cette dernière a commis de graves erreurs de rénovation en utilisant un vérin hydraulique, qui a engendré pannes et blocages, contraignant le gestionnaire des bâtiments à arrêter l’ascenseur. Reste encore à établir, à l’issue de l’expertise demandée par le juge administratif, le partage des responsabilités entre la maîtrise œuvre externe et l’entreprise. Bref, vous l’aurez compris, il faudra encore de lourds travaux à l’Assemblée nationale, de nombreux jeux d’écriture juridique et le visiteur n’est pas près de trouver un bâtiment accessible. Mais, sa curiosité piquée par cette forme extensive de transparence, il a déjà hâte de connaître le prochain épisode du procès de (l’ascenseur) K et en oublie, plus efficacement qu’avec un nudge, le nombre de marches.