Impératif
Par notre invité, Marco Boubille.
Un parcours botanique en altitude, Savoie, aout 2021
L’injonction la plus radicale qui soit pour un être humain
Il n’est pas dit : Ne laisser aucune trace de destruction sur son passage mais « ne laisser aucune trace de votre passage ». Puis…
avant de se retrouver en situation d’effacer les traces de son crime sans doute, sinon…
une sorte de table des lois en bois, clouée sur le tronc d’un conifère, comme un cartel d’exposition, dans un site naturel, balisé et encadré dans un projet pédagogique
un paradoxe, une oxymore, un impératif catégorique (agis uniquement d’après la maxime…) qui peut laisser pantois.e
Est-il seulement possible de détruire sans laisser de trace ? c’est le postulat du polar.
Laisser des déchets, des papiers, voire des traces organiques…mais
ne pas laisser de traces de destruction ? comment faire sinon en les faisant disparaître.
ce qu’on appelle les preuves ? Or pas de preuve, pas de crime. Faire disparaître à la fois le crime et le lieu du crime.
Énumérons certains cas : brûler, casser, arracher, faucher, abattre…
tout cela est « détruire ». Ici, à cet endroit, on ne précise pas s’il est question du végétal ou de l’animal. On ne parle pas de l’eau – il y a des petits torrents sur les parcours de randonnée qui se coupent en plusieurs boucles. On ne précise pas exactement où est circonscrit le lieu du potentiel délit/crime.
Laisser des traces, même provisoires de son passage, faire œuvre ou témoigner de sa vie. Oui ? Laisser des traces de destruction… non. Bien sûr ?
Petit randonneur touriste qui crapahute dans la montagne, agis uniquement d’après la maxime écologique qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. À la ville, à la campagne, à la mer… tout le temps. Ne détruis pas et ne fais pas disparaître ton crime.