La promo qui tue

L’invité du jour : Jean-François Magre

La nuit, dans les rues désertes d’Auch (Gers), brille en ce moment une étrange affiche. De loin, on se demande ce que le masque du tueur de la franchise « Scream » peut bien faire là. De près, le résultat est encore plus incongru qu’on pouvait l’imaginer. Lorsque vous êtes victime d’une crevaison dans ce département et non d’une attaque au couteau, vous aurez sûrement affaire à ce vendeur de pneumatiques fort avenant au demeurant comme il le prétend sur son site. Il possède plusieurs locaux qui ne ressemblent pas du tout à une de ces stations-service en plein désert où vivent une famille de serial killer dans certains films de genre et s’est développé assez pour lancer une grande campagne de publicité. C’est ainsi que vous retrouvez cette affiche dans chaque abribus et quelques autres espaces publicitaires. Que dit-elle dans ce visuel et ce slogan assez tiré par les cheveux (pratique banale par ailleurs pour le tueur de « Scream ») ? Que le patron ou le graphiste sont des fans absolus de Wes Craven auquel ils ont voulu rendre hommage après son récent décès ? Ou plutôt que la boite de com à qui la campagne a été confiée s’est livrée à un brainstorming poussé dans le genre storytelling pour trouver un point de convergence entre « pneu », « période de fin octobre » et « promotion ». Et quelles cibles vise-t-elle avec une telle association à part les amateurs de surréalisme ? Elle dit surtout que la pub n’hésite pas à puiser dans des cultures très spéciales voire marginales pour trouver l’originalité, plus que l’efficacité, au prix de jeux visuels ou de mots qui s’avèrent effectivement terrifiants !