L’abandon
Clamart, avril 2015.
Le projet avait soulevé les débats les plus intenses. Certains, les plus fortunés, y étaient complètement opposés. Ils avaient trouvé de nombreuses routes détournées pour expliquer à quel point l’idée était mauvaise, sans jamais vraiment dire pourquoi ils ne voulaient pas d’HLM dans ce quartier bourgeois. Mais lorsque la grande pancarte est apparue, avec les explications et les dates et tout, tout le monde savait qu’il était trop tard. Les bâtiments allaient arriver.
Quelques mois plus tard, le maire a perdu les élections. Comme la plupart de ses collègues de droite, le successeur a décidé d’arrêter net tous les projets d’HLM, y compris ceux qui avaient déjà été signés. Ça a été un choc pour les quelques voisins qui étaient convaincus de l’importance de la mixité sociale, y compris pour leurs propres rues. Aucun doute que c’était une victoire pour les autres. Beaucoup de rumeurs se sont répandues depuis, mais aucune n’a pu être vérifiée. La pancarte, elle, n’est plus. Ne reste que son cadre en bois, dont le vide ne fait que témoigner de l’abandon d’une certaine manière de bâtir la ville.