ISSN : 2266-6060

L’autre face des badges

badges

Nantes, septembre 2013.

Tous les participants n’ont pas assisté à cette fascinante conférence biennale en même temps. Certains étaient là dès le premier jour, d’autres sont arrivés plus tard pour différentes raisons. Les plus sérieux ont assisté à toute la conférence, participant aux sessions plénières et semi-plénières, tandis que d’autres sont parties juste après leur présentation. Mais tous étaient censés être inscrits. C’était une condition pour faire une présentation ou pour écouter les collègues : les participants devaient avoir préalablement réglé les frais d’inscription. Avant de devenir un participant à part entière – c’est-à-dire un conférencier invité, un responsable de session, un discutant, ou le présentateur d’un papier – tous sont passés par le stand d’enregistrement et ont fait l’expérience de ce moment particulier, incertain et furtif : celui où l’identité de quelqu’un doit être confirmée ou prouvée par d’autres documents. Dans la situation présente, l’identification était plus simple que lors d’un passage à la douane. Le nom propre annoncé par une personne devait simplement correspondre à un de ceux présents dans la liste des inscrits à la conférence. Dès que c’était le cas, chaque participant recevait un sac en papier, contenant un plan de la ville, un programme de la conférence et des tickets repas. La transition de l’anonymat vers une identité ratifiée était finalement assurée par un simple geste : un badge personnel émergeait soudainement de l’ensemble dont on ne voyait que la face blanche. Arborant le nom et l’affiliation institutionnelle de chacun(e), cet objet graphique anodin transportait différentes informations au cours des interactions de face à face. Chaque personne confirmait ainsi son statut officiel de participante à la conférence, mais simultanément donnait des indices aux collègues sur ses positions dans les hiérarchies de la réputation académique. C’eut pu être un thème intéressant pour cette conférence, mais les sociologues dignes de ce nom sont toujours concernés par des problèmes sociaux plus sérieux…



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