Le conseil d’un professionnel
L’invité de fin d’année : Didier Torny
Ivry-sur-Seine, Décembre 2011
La grande distribution propose chaque automne ses grandes foires aux vins aux prix imbattables, avec des centaines de références. On peut lui préférer le petit commerce, où les cavistes fournissent des conseils adaptés à la demande de la clientèle, pour un produit dont la valeur dépend aujourd’hui de plus en plus d’une littérature de prescription. Pour réunir le meilleur de ces deux mondes commerciaux, des ingénieurs ont inventé Max, le sommelier qui vous aide à choisir votre vin.
Il y aura bientôt vingt-huit ans, un autre Max, créature semi-virtuelle, menaçait de mettre au chômage non seulement les speakerines déjà passées de mode, mais également les animateurs vedettes. A cette époque, les systèmes experts promettaient de condenser le savoir des professions les plus techniques, transformant l’art médical ou juridique en série de règles permettant le développement d’une véritable intelligence artificielle.
Aussi, il m’avait été facile de produire un argumentaire serré à l’épreuve de philosophie du baccalauréat portant sur la question suivante : « Y a-t-il en l’homme des fonctions qu’il ne puisse déléguer à des machines ? », bien au-delà du pharmakon de Platon. Mais je n’avais pas imaginé, et les informaticiens n’avaient pas promis, que l’agrégation d’un lecteur de code-barres, d’un écran tactile, d’une base de données, d’une imprimante thermique et, bien sûr, d’une silhouette en plastique et d’instructions écrites adéquates puisse, dans un avenir pas si lointain, émuler si bien un sommelier.