Le monde… tout de suite!

Paris, janvier 2015.

Dans un monde connecté sans fil, tout semble lisse et sans couture. On navigue presque simultanément dans plusieurs espaces sur la surface plane d’un écran d’ordinateur, de téléphone ou d’une tablette tactile. On saute d’un film au dernier programme d’un parti politique, d’un magasin de toute sorte (vêtements, nourriture, médicaments, meubles, livres, voitures, appartements, etc.) à une interaction avec des membres de la famille ou des amis, puis d’un compte bancaire aux publications d’un laboratoire de recherche. Le monde entier est ici, sous la main, juste derrière un simple clic ou d’un (in)signifiant toucher de doigt. Dans un tel monde, le temps semble également réduit à rien. Il suffit de penser à quelqu’un ou à quelque chose ! L’information en temps réel rime avec perception, accès libre et, par dessus tout, immédiateté. L’attente n’a plus aucune place.
Pourtant cette conception rate complètement les infrastructures matérielles qui font le monde connecté. Faites de failles et de pannes, les infrastructures de l’information ont également leur temps de calcul pour le traitement des données et le transport d’une information d’un lieu (un ordinateur) à un autre (un centre de stockage de données). Dans la plupart des situations, le temps restant avant la prochaine action possible est représenté par un graphique (barre temporelle, une roue colorée) et un son spécifique. Cette plateforme de soumission de manuscrits académiques n’affiche aucun indice de ce type. C’est seulement après avoir cliqué à divers endroits qu’un message intriguant apparait. En substance il indique : « nous sommes en train de procéder, donc arrêtez de cliquer partout et d’appuyer sur d’autres boutons ». Autrement dit, restez clames et soyez patients. Le processus de soumission ne prendra que quelques minutes, un tout petit délai comparé au temps dont les évaluateurs auront besoin pour produire leur avis.