Le parc, épisode 3. L’arbre et le soldat
NYC, août 2010.
Le sol est couvert de morceaux d’écorces, offrant à cette partie du parc un aspect singulier. Ici il n’est pas d’herbe : juste ce tapis d’éclats végétaux et quelques grands pins. Il y a non loin un concert en plein air dont on entend l’écho. Ici, ce dimanche, nul n’étend sa nappe de pique-nique, nul enfant ne joue, nul frisbee ou balle de base ball ne volent. Au beau milieu du parc, il y a ces arbres qui n’en finissent pas de grandir. Au pied de chacun, une petite plaque de laiton, placée sur un bloc de pierre. On peut y lire presque effacées les dates de 1914-1918 et en dessous, totalement illisibles usés par le temps les noms de jeunes soldats morts là-bas sur le front de l’autre côté de l’océan. À mesure que les arbres grandissaient les inscriptions ont progressivement disparu ; ils ne sont parvenus à protéger les plaques que trop tard. Brusquement, ces arbres deviennent différents de tous ceux du parc ; ils sont comme habités ; habité, aussi le grand arbre qui surplombe le petit sentier où Lennon fut assassiné ; désormais, sous ses branches seul le verbe « imagine » inscrit sur le sol fait présence. On songe alors à l’étrange lien qui unit l’arbre, la mort et l’écrit ; en quittant le mémorial, on cherche des yeux sur les troncs des arbres qui jouxtent l’allée un cœur gravé par quelques amoureux. Just Love.