Le soi numérique

Trento, septembre 2010.

Qui sommes nous ? Nombreux sont les chercheurs et les poètes qui ont travaillé à la déconstruction et à l’enrichissement de la notion d’identité telle que nous la manipulons au jour le jour. Ils ont notamment montré que si nous sommes des in-dividus, c’est avant tout devant la police, le droit, la psychologie, et parfois la médecine. Le reste du temps nous sommes beaucoup plus, ou beaucoup moins, qu’un être biologiquement unifié doté de raison. Les outils informatiques et leur mise en réseau offrent de bons moyens pour éprouver cette multitude. Nos coexistences, comme le dit joliment Antonio Casilli, sont aujourd’hui assistées par ordinateur.
Par exemple, si durant l’un de ces grands colloques scientifiques qui s’apparentent à des supermarchés, vous vous trouvez face à un intervenant que vous trouvez particulièrement intéressant (ça marche aussi avec ennuyeux), vous pouvez compléter très simplement ce que vous savez de lui. Sur le programme vous avez son nom, peut-être celui de son institution. Entrez les sur la page d’un célèbre moteur de recherche en ligne, vous aurez vite un portrait augmenté. Ses thèmes de recherche, le titre des articles qu’il a publiés, les cours qu’il donne, les chercheurs avec lesquels il a l’habitude de travailler. Une fois ce rapide parcours effectué, relevez la tête et regardez à nouveau celui qui parle. Vous voyez ? Ce n’est plus tout à fait le même.