Leçon d’écriture, épisode 1. Il faut.
Saint-Solve. Juillet 2009.
On a lu et entendu des choses sur la découverte et l’apprentissage de l’écrit. Beaucoup de farfelues, de pas très sérieuses, de pas très intéressantes. Et ceux qui nous connaissent savent les pincettes (pour ne pas dire plus) avec lesquelles nous manipulons la fameuse leçon d’écriture qu’a racontée Lévi-Strauss. Au symbolique, au pouvoir des positions, aux statuts, nous préférons l’action. Par exemple faire des crêpes.
Demander : voilà une belle manière d’agir par l’écrit. C’est que si ça se trouve ça marchera un peu mieux que si on s’exprime à voix haute, même avec un s’il te plaît. Surtout si des crêpes ça fait une semaine qu’on en mange tous les midis. Inscrite, la demande aura peut-être un peu plus de poids, de force.
Et si on essayait d’aller un peu plus loin ? Si on faisait en sorte que ce qu’on écrit soit lu ? Bonne idée : on va prendre un de ces papiers magiques qui se collent et installer la demande là où on est sûr que les grands vont la voir. On va gagner encore un peu plus de force…
Et puis c’est l’illumination, le coup de génie. On va essayer d’attacher étroitement la lecture elle-même à l’action. On va coller la demande directement sur les plaques de cuisson. La bonne âme qui devra ôter le papier adhésif pour faire la cuisine n’aura pas le courage d’ignorer cette imploration. Elle risquerait d’en perdre son titre de grand-mère adorée.
Enfin, pour être vraiment sûr, on a aussi écrit tout ça comme un ordre. Et précisé que c’est applicable aujourd’hui même, pour le prochain repas. Faut pas rigoler non plus, on a faim.