Les mains en l’air !
Marseille, mai 2010.
Il arrive par le premier train à grande vitesse du matin ; en sortant de la gare, il ne prend pas la peine de visiter ; il va droit vers sa cible : le dépôt d’archives dont il a préalablement consulté les inventaires sur son écran d’ordinateur personnel. Il sait déjà ce qu’il veut voir. Pas de « goût de l’archive » ici. En salle de lecture, il choisit la place qui jouit du meilleur éclairage naturel ; il s’assoit le temps que les cartons soient sortis des magasins et que le magasinier les dépose sur sa table de travail. Bientôt, et pour les six heures suivantes, il sera debout et soumettra son corps à une étrange posture courbée.
Il a préparé le hold-up : devant lui, il a monté son arme, un appareil numérique placé sur un pied. Lorsque la première boîte arrive, il en extrait une liasse et commence à opérer. Il dispose le document, regarde dans le petit écran de son mini appareil et appuie sur le déclencheur. Puis il retourne le document et opère à l’identique pour le verso. Il fait de même toute la pile ; parfois, il va trop vite et la photographie est floue ; il faut recommencer. Entre deux boîtes, il note à la main sur un cahier les dossiers consultés. Ballet infini qui se poursuit de plus en plus rapidement que les heures passent et que l’heure du train de retour approche. Il arrive aussi que la batterie de l’appareil soit déchargée et le voilà alors travaillant sous la menace de l’arrêt brutal de son instrument de captation, un arrêt qui pourrait faire échouer lamentablement le hold-up.
Lorsqu’enfin il salue la responsable de salle et rejoint rapidement le vestiaire où il a laissé son sac et ses livres, il a achevé sa mission : sur la carte mémoire de son appareil sont conservés 500 clichés. Aussi, la première chose qu’il fera en rentrant sera de mettre son butin en sécurité en transférant ses données sur son disque dur. Il nommera le fichier par le nom des archives reproduites et ira se coucher en se disant qu’il a passé une bonne journée de travail. Il pourra partir le lendemain vers un autre centre d’archives.