Little brother
Berkeley, décembre 2010.
Parcourir les allées du campus et voir les traces des mouvements sociaux d’il y a quarante ans : Ronald Reagan, alors gouverneur de Californie, envoya la garde nationale contre les étudiants pacifistes qui rêvaient d’un autre monde. Se rendre compte que ce rapport de force est encore présent, même s’il concerne plus prosaïquement le budget de l’université, et que les fleurs ont été remplacées par des mini-caméras . Berkeley, avec son marché de légumes bio locaux et sa pizzeria coopérative ouvrière , est vraiment une ville de gauche, opposant aux appareils de coercition de multiples dispositifs de résistance.
Sortir du campus pour obtenir des billets verts et voir ces inscriptions sur un support scellé. Nul policier, ni même son équivalent moderne, la caméra de surveillance, n’est à l’horizon. Ce n’est pas Big Brother qui surveille, mais les personnes ordinaires qui doivent tout à la fois évaluer l’acte répréhensible (la mendicité), mesurer les conditions de validité de la norme (la distance et l’immédiateté) et faire appel aux autorités légitimes (la police ou le personnel de la banque) afin de poursuivre le contrevenant. Nous sommes à l’heure des voisins vigilants, et ces écrits nous rappellent que le pouvoir repose avant tout sur la participation quotidienne du peuple.