ISSN : 2266-6060

Mode de non-emploi

notanashtray

Vérone, septembre 2010.

Dans l’espace domestique comme dans les lieux publics, il assez est rare de trouver des modes d’emploi explicites directement accrochés aux objets concernés. Habituellement, ils se trouvent dans un document à part, à la rigueur imprimés sur l’emballage qui protège les objets avant qu’ils ne soient mis en fonctionnement. On a sans doute tous l’expérience douloureuse de cette distance entre la chose et les mots qui la décrivent en détails, listent les attitudes humaines nécessaires à son bon comportement et définissent le cadre des actions convenables qu’il est possible de lui faire subir. Ce détachement qui, après des mois d’usage apaisé, se fait si cruel lorsque la mécanique se grippe et que l’on est incapable de se rappeler le lieu où l’on a rangé les précieuses instructions. Mais l’on sait aussi à quel point le monde serait invivable si chaque chose, chaque lieu, et pourquoi pas chaque personne, étaient systématiquement accompagnés de textes explicatifs détaillés. D’autant que la liste des évidences qui mériteraient d’être explicitées pourrait ne jamais s’arrêter.
Comme souvent, c’est aux situations de crise qu’est laissée cette opportunité. Des situations qui peuvent inviter à produire non pas des modes d’emploi, mais des modes de non-emploi qui précisent comment ne pas utiliser telle ou telle chose. D’une certaine manière, le fameux « ceci n’est pas une pipe » de Magritte, prévenait les spectateurs qu’il serait regrettable de chercher à fumer son tableau. Dans un langage plus policé, c’est un message similaire, et presque complémentaire, que l’on peut lire au pied des arbres à l’entrée de cet aéroport italien : ce pot n’est pas un cendrier.



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