ISSN : 2266-6060

Naturelle

naturelle

Parc du Yosemite, Octobre 2013

Le parc naturel est un oxymore matériel. Pour enfermer cette nature qui doit rester intacte, il faut déployer des ressources énormes, en hommes et en matériel. Et le meilleur moyen de maintenir ces ressources, c’est d’autoriser des visiteurs, sous contrôle de l’Etat fédéral, à admirer cette nature moyennant rétribution.
Pour 20 dollars par véhicule, des voitures bruyantes et polluantes peuvent donc parcourir les routes dessinées dans le parc et s’arrêter dans des lieux prédéfinis. Les marcheurs et campeurs sont également autorisés à fréquenter certains chemins et terrains. D’autres, en revanche, leur sont interdits, et de nombreuses pratiques strictement encadrées, en particulier l’usage du feu. Cette domestication des hommes pour laisser la nature sauvage passe par le dessin des infrastructures et par de multiples panneaux.
Celui-ci détonne : il ne s’agit plus de protéger la nature, sa faune et sa flore comme ailleurs, mais d’autres humains. Le flux cristallin qui coule à 3000m d’altitude n’est pas qu’une rivière où l’on trouve poissons et oiseaux, mais deviendra, plus bas, une source d’eau potable. Même sauvage, la nature est partout anthropisée.



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