Non aligné
Paris, mai 2022.
Panneaux, affiches, enseignes… les écritures exposées équipent les espaces de multiples façons. Au-delà de leurs spécificités, elles combinent au moins deux caractéristiques communes. Visibles, elles peuvent être scrutées en position statique, regardées à distance comme de près, ou encore saisies en mouvement. Exposées au plus grand nombre, elles privilégient également la consultation à plusieurs, et favorisent ainsi le partage, la discussion, voire le débat, sur la lecture solitaire et silencieuse à huit clos. L’arrivée des écrans plats a démultiplié la possibilité de varier les formes graphiques et les informations affichées, sans passer par une organisation millimétrée d’opérateurs dépêchés sur place pour changer régulièrement les affichages. Inutile d’arpenter l’enceinte d’un bâtiment ou toute la ville. La mise à jour s’effectue sur un ordinateur directement relié aux écrans. Avec la prolifération de ces derniers, on a rapidement vu naître des situations graphiques déconcertantes où la présence d’écrans prime explicitement sur toute considération pour les éléments projetés. Confinant parfois à l’absurde, ces situations alimentent une critique forte sur la consommation électrique à l’heure des préoccupations environnementales. Elles ouvrent également tout un espace de réflexion sur les compétences requises en design graphique pour composer des écritures exposées. Dans une école d’ingénieurs où, comme dans de nombreuses entreprises, l’organisation s’effectue à grands coups de tableurs échangés par emails et consultables sur des serveurs, on ne va quand même pas perdre en efficacité : l’occupation des salles est disponible sur l’écran. À peine visible et carrément illisible ? Tailles, formes, typographies, hiérarchie et disposition spatiale des éléments, harmonie et contraste des couleurs… à quoi bon s’échiner à partir du moment où l’information circule !