En cas d’orage
Marseille, juin 2023
Dans cette rue semi-piétonne pullulent les restaurants, leurs terrasses sur les larges trottoirs allant jusqu’au bord des immeubles plus hauts qu’à l’ordinaire. C’est en particulier le cas de cet ancien grand magasin, doté lui-même d’un restaurant en terrasse au 6ème étage.
Le soleil brille, il fait chaud mais les grands auvents nous protègent de sa brûlure en ce début d’été. Pourtant dès ce soir, l’air s’alourdira, les nuages s’accumuleront jusqu’à ce que la pluie tombe entre deux coups de vent. Cette fin juin post-réchauffement ressemble à septembre.
En nous levant pour partir, le rouge vif de la petite plaque attire notre regard. Tout près de la dernière table, cet avertissement comme un éclair dans le ciel bleu : la gouttière si joliment repeinte est aussi le fil conducteur d’une pointe haute de la terrasse. Protectrice pour les environs, elle peut s’avérer mortelle pour le passant insouciant ou le touriste tranquillement attablé.
Au moins en Europe, nous croyions avoir domestiqué la nature, en fait nous l’avons simplement fait dériver à notre avantage, gagnant ici en oubliant que nous avions perdu là. Ce petit signe nous le rappelle avec son DANGER majuscule : l’été n’est plus seulement synonyme de vacances et de bons fruits frais, mais d’incendies géants, de tornades soudaines, de canicules durables suivies d’orages mortels. Mais qui aurait pu le prévoir ?