Partage
Clamart, novembre 2022.
Nous avions cru pouvoir nous contenter d’un seul bac bien étiqueté, qui donnerait à voir les décalages entre les promesses du robot omniscient et la réalité de l’activité quotidienne. Comme si rappeler que les machines aussi se trompaient suffirait à apaiser les relations de travail. Si même les automates font des erreurs, autant tout pardonner. S’arranger de cette impossibilité de la précision mécanique et ne pas en faire un drame, ni pour eux, ni pour personne.
Mais alors, qu’est-ce qui a valu qu’un autre bac soit ajouté ? Qu’une nouvelle étiquette tout aussi lisible, tout aussi saillante dans l’espace de la pharmacie, apparaisse au-dessus de la première ? Un souci de justice, peut-être. Un certain goût pour la comparaison, plus certainement. Difficile en voyant ces deux bacs de ne pas chercher à jauger les quantités. L’invitation à départager va presque de soi : ses erreurs et « les nôtres », comme il est bien précisé entre les parenthèses.
Nous avions cru à la possibilité de dédramatiser et d’assumer un monde commun de machines et d’humains faillibles. Nous voilà piégés dans un face-à-face qui appelle au décompte des points de deux camps à nouveau adverses.