Partir en fumée
Paris, octobre 2019.
2009, l’inscription ne fait aucun doute. Elle sonne comme la victoire de revendications exprimées de longue date par les personnes qui bien que ne consommant pas de cigarettes se retrouvaient, outre l’odeur incommodante, fumeuses passives. La loi promulguée quelques années auparavant s’était alors affichée dans de nombreux lieux recevant du public. Elle s’est aussi accompagnée d’un nouveau rituel : la formation journalière d’un cortège de personnes qui descendent, les unes après les autres ou en groupe, fumer à l’extérieur du bâtiment. Ainsi l’air intérieur des bureaux et des couloirs s’en trouve préservé pour le plus grand bien des non-fumeurs.
2019, l’inscription ne surprend plus. Identique et à la même place, elle résonne toutefois différemment à l’ère de la crise climatique. La formule fait écho aux préoccupations qui irriguent les pratiques de conception architecturale, désormais attentives à l’empreinte bas carbone des bâtiments dans un milieu urbain de plus en plus sous pression environnementale. Parois végétalisées, vitres à isolation thermique renforcée, façades aux matériaux poreux et respirants… : tout indique très explicitement que les bâtiments sont tout sauf inertes, érigés en simples moyens techniques au service du seul bien être des humains. Si ils s’usent et vieillissent, qu’ils apprennent progressivement à se maintenir au fil des années, c’est qu’ils sont eux aussi des êtres fragiles avec leurs propres besoins d’existence. Celui-ci partage son aversion pour la cigarette avec certaines personnes qui y circulent quotidiennement.