Passe-temps
Paris, avril 2010.
Après trois années à l’école maternelle, encore quelques mois, et c’est le grand saut : le cours préparatoire. Plusieurs personnes t’ont déjà prévenu du changement de rythme. Il va rentrer vraiment fatigué, un cartable bien chargé, des devoirs à n’en plus finir et surtout des évaluations de plus en plus fréquentes. Alors lorsque tu consultes le classeur qui regroupe de manière linéaire les exercices qu’il réalise en grande section, tu en profites. Tu prends le temps de regarder attentivement les dessins, de contempler les formes, d’admirer les coloriages. Tu observes aussi les chiffres et les lettres. L’apprentissage des majuscules, puis l’entrée en scène progressive des minuscules…
Et forcément, tu scrutes également entre les lignes. Au fil des pages, c’est tout un programme d’apprentissage de l’écrit qui se déroule entre tes mains. Ton attention se concentre aussi bien sur son acquisition de certaines compétences que sur la logique des exercices proposés. Et tu tombes sur cette page. C’est d’abord la représentation graphique des personnages qui capte ton regard. Tu reconnais bien sa façon de dessiner. Puis, l’effet de collection t’interpelle : qu’est-ce qui relie un loup, une galette, un vieux et une vieille ? Tu as beau chercher attentivement, tu ne vois pas. Mais c’est la sémantique qui te surprend finalement le plus : le “vieux” et la “vieille”. Tu es tout autant amusé par l’usage presque politiquement incorrecte que par le dessin qu’il en a proposé. Tu refermes alors le classeur en te demandant quelles autres surprises de ce genre te réserve la suite de sa scolarité.