Payant
Marseille, juin 2019.
Cela commença par le bruit du compresseur, inattendu au milieu de l’après-midi dans cette rue calme. Comme il se poursuivait, de manière intermittente, nous avons regardé par le fenêtre pour découvrir l’engin singulier qui le causait, les personnes qui le manipulaient et leur superbe pochoir.
Dans cette ville où de nombreux trottoirs sont légalement occupés par des voitures en stationnement, il n’est pas toujours facile de saisir où sont les places réglementées. Et les trottoirs sont si étroits que les panneaux verticaux de signalisation sont exclus. Alors il faut marquer au sol, encore et encore, pour que les zones soient clairement définies.
Mais les ouvriers ne se sont pas pour autant transformés en graffeurs signant vite et tout en légèreté pour éviter d’être pris sur le fait. L’équipement lourd et bruyant doit permettre à la peinture de résister longtemps au passage des pneus, à la brûlure du soleil et aux orages méditerranéens. La décoration du sol ne fait pas que transformer une zone publique en concession payante, elle rappelle qu’elle n’est pas le fruit d’un geste artistique mais le produit d’un travail rémunéré.