Performance de l’absence
Paris, septembre 2010.
Marquages, lignes et quadrillages tracés au sol délimitent des zones spécifiques pour la circulation et l’occupation de l’espace. Ils ordonnent les lieux publics de manière tellement familière que nous n’y faisons quasiment plus attention. C’est seulement dans les moments d’apprentissage aux plus jeunes que nous rappelons leur présence et leur contribution à la fluidité de diverses unités véhiculaires: voitures, bus, piétons… Nos routines sont également questionnées face à un tel spécimen : un passage piéton dissymétrique. Pourquoi les deux premières bandes sont-elles plus courtes ? Un manque de peinture ? Un geste artistique ? Qui sait ? Quoi qu’il en soit, le marquage au sol reste efficient. Même inscrit de la sorte, il délimite bien la zone réservée aux piétons pour traverser la rue.
Pourtant, sa forme continue d’intriguer… On sait bien que l’ordonnancement graphique passe souvent par une répétition à l’identique des inscriptions. C’est ce qu’aurait fait le peintre si une voiture, à moitié stationnée sur le passage pendant son travail, ne l’avait empêché. Peu importe, l’amputation des bandes blanches n’enlève rien à leur présence virtuelle. Dès qu’un véhicule déborde sur le passage piéton à l’endroit précis où la peinture est manquante, il est verbalisé pour stationnement interdit. La dissonance esthétique n’équivaut pas a une défaillance juridique.