Pourquoi

Paris, avril 2010.

Il faut bien l’avouer, sur Scriptopolis, on a souvent tendance à jouer les malins. À raconter une histoire anecdotique, personnelle ou politique (et parfois les trois en même temps) pour rendre compte d’un objet d’écriture anodin dont on tente de souligner la grandeur. À chercher à traduire dans des mots de tous les jours quelques questions théoriques plus ou moins radicales pour que ceux qui ont l’habitude de les manier puissent, au choix, apprécier la référence et son illustration, ou rire jaune et confirmer que décidément ceux-là ne sont pas du bon côté des sciences humaines et sociales. Et pour que ceux qui s’en contre-fichent apprécient malgré tout. C’est un peu tout ça Scriptopolis : s’amuser à travailler l’écrit comme source permanente d’imagination historique et sociologique. De notre côté, c’est comme un footing : écrire une fois par semaine un petit texte pour donner à voir, à partir d’une photo, ce que nous-mêmes ne verrions pas immédiatement sans cet exercice répété qui entretient l’esprit. Souvent stimulant, parfois déroutant, rarement douloureux.
Et puis parfois, au détour d’une photo, les petits malins arrêtent de la ramener. Silencieux. Admiratifs ou désarçonnés. Cela revient un peu au même.

Qu’est-ce qui a bien pu pousser Mme Diop à étiqueter ainsi sa bicyclette ? À l’affubler de ce post-it rose, soigneusement recouvert d’un ruban adhésif qui le protège de la pluie ? Je ne sais pas vous, mais moi, je sèche. Il me manque trop de choses, ne serait-ce que pour démarrer un début d’histoire. S’agit-il d’une crainte de perdre l’objet ? Mais comment peut-on perdre un vélo ? Et comment un simple « Mme Dop » suffirait-il à le retrouver ? S’agit-il de la bicyclette d’une personne souffrant d’amnésie, qui s’offre ainsi un moyen astucieux et discret de se rappeler son propre nom, au cas où ?

Tout cela n’est guère convaincant. Pas très sérieux. Devant cet écrit tout simple et pourtant mystérieux, le scriptopolien n’a plus qu’à se taire. Si vous avez une idée…