Rentrée, épisode 1
Clamart, septembre 2010.
Cela faisait quelques jours que l’on guettait le mur de l’école à la recherche des listes fatidiques. Les mêmes que celles que nous parcourions, enfants, la peur au ventre. Et voilà que je tombe sur la directrice elle-même, en train d’installer les feuilles de papier sur le panneau tout neuf. J’hésite à m’approcher trop près, je ne voudrais pas la déranger. Mais je veux savoir. Tout l’été nous avons discuté en famille, décrivant les trois scénarios possibles. Deux femmes, un homme. Un homme qui est sévère, qui crie parfois. Mais sans doute pas un mauvais professeur. Et puis, il faudra s’adapter, ne pas se braquer…
J’arrive enfin à portée de vue. Je plisse les yeux pour repérer les trois classes en question. Je passe de l’une à l’autre, essayant de viser dans la colonne de gauche, la ligne qui correspond à la première lettre de mon nom. Après deux balayages, je lis le nom et le prénom de ma fille. Ou plutôt je reconnais l’image de ces deux mots au milieu de tous ces noms en majuscules. Mes yeux descendent jusqu’à un autre nom, en bas à gauche de la liste. Celui d’un homme.