Réponse

Toulouse, février 2022.

La voie est passante, avec une circulation très dense aux heures de pointe. Les piétons, comme les chats d’ailleurs, doivent redoubler d’attention aux moments de traverser. Et pas uniquement en plein jour ! Sans toujours s’en rendre compte, certains conducteurs se transforment en véritables pilotes durant la nuit. Une mutation détectable le plus souvent aux crissements de pneus à l’approche de la petite chicane de la chaussée, plus rarement à la découverte au petit matin de la disparition de la demi-douzaine de potelets qui jalonne le trottoir en sortie du rond-point. Les jours et les semaines s’enchaînent. L’absence des potelets est rapidement dissipée par la présence des trous béants laissés dans le goudron. Piétons, chats et poussettes s’en accommodent. Pilotes et chauffards perfectionnent quant à eux leurs manœuvres, au risque d’un rappel à l’ordre directement par les murets des jardins.
Jusqu’au jour où les différents trous goudronnés arborent ce marquage orange. Simple coup de bombe qui pointe vers de nombreuses inscriptions. Un site pour la future intervention des agents municipaux équipés de leur ordre de travail. Un emplacement précis pour du mobilier urbain à la composition matérielle, au diamètre, à la hauteur et la couleur strictement définis dans le bon de commande. Un espacement, d’un à cinq mètres entre chacun de ces lieux tenants de la chaussée, régi par des règles d’implantation. Une marque orange qui vaut confirmation de la prise en charge d’une demande rédigée par un riverain sur le site web de la municipalité pour transmission aux services compétents. Une simple trace colorée où s’agencent expertise technique, diligence administrative, règlement de voirie, vigilance citoyenne et espoir d’être entendu. L’installation des nouveaux potelets prolonge ce jeu des inscriptions : rapport des agents, paiement des factures, archive de l’intervention. Le manège scriptural peut alors s’interrompre… jusqu’au prochain joueur de bowling au volant de son bolide !