Sans trace
[Sur le vif]
Paris, 3e arrondissement, 23 septembre 7h45
À 7h, il faisait encore nuit, des policiers en civil ont investi le campement des sans-papiers devant l’annexe du Boulevard du Temple ; ils ont arraché les tentes ; puis les personnes du campement ont du quitter en groupe le site pour descendre le boulevard vers la Bastille encadrés d’un large cordon d’autres policiers en civil (certains portaient un brassard fluo avec le mot POLICE). Il y avait à proximité un grand bus tricolore aux vitres polies mais je n’ai pas vu les personnes monter dedans. Descendu à 8h j’ai demandé à un fonctionnaire de police ce qui se passait : il m’a répondu « vous voyez bien, le camps est vide. » « Et où sont les personnes ? pas de réponse. »
Les sans-papiers sont partis sans pouvoir laisser de traces ; leur histoire ne s’écrit pas ; ils sont redevenus invisibles ; reste des matelas, quelques affichettes ; déjà les véhicules de la propreté de Paris approchent, on a coupé la grande branche de l’arbre à lettres.