Scriptobook 2
Paris, février 2019.
En passant du blog au livre, de nombreux éléments pouvaient être envisagés autrement. Stabilisés depuis des années dans l’infrastructure de gestion de contenu en ligne, ils refaisaient surface, entraient à nouveau dans notre champ perceptif, et redirigeaient notre attention. Bref, ils redevenaient discutables. Le nombre de textes disponibles et la nécessité plus ou moins forte d’opérer une sélection, d’en définir alors les catégories, comme les critères de contenu et de taille. La linéarité de la lecture, presque consubstantielle au codex, invitait à élaborer des manières de circuler qui favorisent une multiplicité de prises, laissant aussi bien la place au hasard, à la logique thématique, qu’à la flânerie ou encore à la quête de surprises successives. L’uniformité graphique du format du blog se présentait elle aussi avec toutes ses potentialités de transformation en passant à une version imprimée. La combinaison de plusieurs couleurs suscitait l’excitation quant à leur gamme, leurs distributions éventuelles, et la pluralité de rythmes qui en découlerait. Contrairement au blog, dont le format conserve un ordre temporel, malgré l’effet de liste ininterrompue, un des objectifs forts était de rompre avec la logique du début et de la fin. L’enquête sur les mondes de l’écrit peut être inaugurée n’importe où, basculer à sa guise d’un objet graphique à une surface, d’un lieu à une technologie d’inscription, et surtout, elle est infinie. En dépit du bouillonnement des pistes que nous évoquions et de l’effervescence collective ambiante, l’agencement de ces éléments en un objet facile à transporter et agréable à manipuler nous semblait difficilement réalisable. Si les séances de travail avec les éditions Non Standard étaient toujours très stimulantes, nous étions loin d’imaginer qu’un dessin pourrait condenser l’ensemble des exigences. Un simple éventail multicolore et quelques unités de mesure suffisaient pourtant à activer l’accélération vers le monde des possibles.