ISSN : 2266-6060

Skywriting


Maguelone, juin 2020.

Il n’était plus question de s’agglutiner sous les parasols avait annoncé le maire ; nouveau monde oblige, la plage devait être « active et sportive ». Les mots d’ordre du déconfinement dont la fameuse « distanciation sociale », soulignaient bien, après la suspension de la société pendant le confinement, la volonté que nous ne nous rencontrions pas trop et pas de trop près. Il fallait faire société autrement, par la médiation des QR codes et des adresses aux Invisibles par exemple.
La signification de cette « plage active et sportive » était expliquée par des prospectus distribués par les agents municipaux arpentant le bord de mer. Des pictogrammes verts décrivaient un nageur, un marcheur, un coureur et un véliplanchiste ; les regroupements, la pêche et les sports collectifs figuraient en rouge et étaient barrés.
Les actifs et les sportifs venus ce matin-là à la mer semblaient suspicieux. Ils glissaient leurs pieds dans l’eau à la recherche d’un peu de normalité, quand le vrombissement d’un moteur se fit entendre. Un drone venu repérer les manquements à l’ordre s’inquiétaient-ils ? Non, ce n’était qu’un avion dont le pilote équipé de fumigènes venait tracer, par la condensation de gouttelettes dans l’air, un nuage artificiel. Un peu d’amour et de légèreté se formaient à l’attention de celles et ceux qui levaient les yeux pour lutter contre l’activation d’unités comportementales.



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