Société de l’information n°1
Ivry-sur-Seine, décembre 2009.
Après des siècles de préhistoire, les humains entraient en société : ils se sont mis à habiter un monde où l’échange devenait possible. La constitution de clans et de tribus tout comme le repérage de traces leur permettaient de communiquer avec diverses sortes d’entités naturelles et divines. Devenus un peu plus matures, ils organisaient leurs échanges dans un monde divisé en trois états. Pas un de plus, pas un de moins. Un peu plus tard, ils optaient pour un monde meilleur : l’économie de marché. Certains se sont mis à produire des biens, d’autres échangeaient leur temps de labeur contre une rétribution financière, d’autres encore tentaient de définir des règles du jeu acceptables pour l’ensemble des participants.
Ce n’est que très récemment qu’ils ont pris conscience qu’une ultime mutation était nécessaire. L’entrée dans une société de l’information offre une liberté d’échanges autrement relayés, débrayés, multipliés par des agencements technologiques. Les machines et les réseaux informatiques dessinent un monde où l’information devient enfin un bien qui peut être apprécié à sa juste valeur. Certes, les informations fallacieuses, les comportements illicites et les faussaires ne sont pas définitivement évincés, mais les humains disposent désormais d’un outil prévenant toute dérive. L’ordre sociotechnique qui assure leur épanouissement complet en accédant à de multiples informations est aussi le garant de l’ordre moral. Lorsque quelque chose dérange, lorsqu’une information n’est pas adaptée à l’idéal auquel se réfère cette nouvelle société, rien de plus simple : il suffit de cliquer pour le signaler.