ISSN : 2266-6060

Surchauffe

L’invité du vendredi : Didier Torny

Drôme. Été 2005.

Si les marques de l’activité humaine sont presque toujours présentes dans les espaces dits naturels (routes, champs, enclos), les traces écrites se font rares. Les quelques habitants de ces lieux n’en ont que peu besoin, contrairement aux voyageurs urbains, pas toujours équipés d’inscriptions portatives tels que les systèmes de géolicalisation. A chaque type de panneau ses usagers : les indications de chemin de randonnée pour les piétons ou les cavaliers, les panneaux routiers pour les voyageurs à moteurs.
Les cyclistes, suivant leur type de monture, les utilisent également, mais certains panneaux sont plus importants à leurs yeux que d’autres. Pour les amateurs de la petite reine, un panneau de col en montagne n’est pas la simple indication d’un lieu géographiquement défini comme “l’intersection entre une ligne de crête et un talweg, c’est-à-dire le point le plus bas entre deux sommets appartenant à la même arête”. C’est la récompense d’un effort continu et la promesse du plaisir de la descente, c’est le moment de s’arrêter un instant, de manger ou de boire, de mettre sa veste pour éviter de prendre froid. Et de prendre cette photo-souvenir qui marque – par la présence de la bicyclette – la certitude d’avoir grimpé là par ses propres moyens*, ou qui permettra simplement d’allonger la collection des cols déjà franchis.

* Cette inscription prend une dimension ironique quand on sait qu’en argot cycliste, une “chaudière” désigne un usager avéré de produits dopants.



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