Tableau magique
Leiden, février 2015.
Avec le développement d’internet, les pratiques d’écriture ont été radicalement transformées. Les traitements de texte permettent d’entretenir des rapports différents avec les mots, tapés sur un clavier, mais également avec les phrases et les paragraphes qui peuvent être modifiés, déplacés, copiés et insérés dans d’autres textes avec une aisance et une rapidité inédites. L’insertion de liens vers une myriade d’autres objets graphiques (photos, figures, données chiffrées…) a considérablement enrichi les manières de produire des documents. L’écriture collaborative simultanée ne requiert même plus la co-présence des différents scripteurs, commentateurs, correcteurs dans un même site. Tout semble possible…
Un tel enthousiasme pour l’écriture électronique s’accompagne souvent d’un fonctionnalisme qui s’ignore. Il néglige non seulement la diversité des surfaces d’inscription disponibles simultanément, mais également les autres technologies qui se développent en parallèle des pratiques d’écriture électronique en réseau. Ce simple rouleau de film blanc en est un parfait exemple. Le tableau blanc accompagné de ses marqueurs est désormais transportable, ajustable, superposable, pliable, attachable à n’importe quel surface plane, et très facilement effaçable et réutilisable. Comme toute technologie d’inscription, ce film blanc est “magique” : il ouvre de nombreuses opportunités d’écriture tout en laissant de côté, dans les plis de l’agencement qu’il réalise, un ensemble d’actes graphiques qui font toute sa fragilité et dessinent en creux ses propres limites.